jeudi 31 août 2023

I – 44 je me



je m’y suis repris à deux fois avant d’y parvenir je malaxe tant et plus je mange silencieusement je manque la faire tomber en arrivant sur elle je marchais au hasard je marchais avec orgueil au milieu des hommes je marche à pas lents je marche le long du grillage du parc je marche lentement je marche rapidement jusqu’à l’arrêt de bus je marche sur le chemin je marche tête baissée je marche un peu plus vite je me baisse je me baisse et l’aide à la remettre je me baisse pour refaire mon lacet je me bornai à lui conseiller un retard de quelques mois je me bouche les oreilles je me condamne plus sévèrement qu'un autre peut-être ne le ferait à ma place je me contenais à peine lorsqu'un autre que moi s'entretenait à part avec Germaine je me contente de baisser les yeux je me contente de lever la main je me contente de lui renvoyer son sourire je me contente de répondre je me couche à nouveau je me croyais comme obligé de marcher au plus vite vers le but que je m'étais proposé je me croyais sûr des années je me débattais intérieurement je me demandais où ils en étaient avec l’enquête je me demandais souvent pourquoi je restais dans un état si pénible je me demande ce qu’il va encore avoir à me reprocher je me demande quelle banque a bien pu se lancer dans une telle entreprise je me demande si je ne vais pas exiger qu’il nettoie mes pompes avant de le buter je me déterminai à lui écrire je me déterminai enfin à lui parler avec franchise je me détourne lentement je me dirige à tâtons je me dirige vers la fenêtre et l’ouvre en grand je me dirige vers la porte je me dirige vers la sortie à grands pas je me dirige vers le bar pour y chercher ma récompense je me dis enfin qu'il fallait la satisfaire une dernière fois je me dis qu'il ne fallait rien précipiter je me dis que c’est juste un passage je me dis que je le devais je me disais qu'il était doux d'être aimé je me disais qu’on aurait  peut-être pu manger en ville tout les deux je me donnai bientôt je me faisais une fête de la consoler je me félicitais quand j'avais pu substituer les mots d'affection je me ferais immédiatement repérer je me fortifiai de l'idée de son repos contre l'image de sa douleur je me frotte les yeux pour mieux évaluer la situation je me glisse le long de la haie je me hâtai de me coucher pour terminer cette longue journée je me jetai à ses pieds je me jette sur la mienne je me jette sur les gâteaux et le verre de lait je me laissais aller à quelques plaisanteries je me laisse aller à nouveau contre l’oreiller je me laisse aller contre le dossier je me laisse aller sur les oreillers je me laisse emporter par ces paroles sans but je me laisse entraîner jusqu’à une table dans le fond du bar je me laisse tomber à ses côtés je me lance derrière elle et l’attrape à bras le corps je me lance vers l’autre côté de la route je me levai je me lève je me lève je me lève je me lève je me lève je me lève je me lève donc et commence à parcourir les nouvelles de la semaine précédente lorsqu’un train entre en gare je me lève et dépose ma monnaie sur la table avant de sortir je me lève et enfile mon caleçon je me lève et franchis la murette d’un bond pour me retrouver dans le jardin d’une maison en brique comme celle de mes parents je me lève et marche doucement vers lui je me lève et vais jusqu’à la fenêtre je me livrais je me livrais à ces émotions je me livre à cette inconséquence insensée je me méfie tout de même je me méprisais d'être indigne d'elle je me mets à genoux à côté d’elle pour fermer sa paupière je me mets en garde je me mets là je me peignis son inquiétude je me penche doucement afin de laisser un œil cerner la pièce je me penche en avant je me penche en avant et regarde Germaine je me penche et repousse le revers de son manteau je me penche légèrement en avant pour mieux entendre mais l’homme se recule je me penche vers mon ampli et fais mine de baisser le volume je me perds dans des pensées lointaines je me place au bout de la queue je me place de l’autre côté de la table je me plaignais je me plaignis de ma vive contrainte je me précipite sur cette terre qui devrait s'entrouvrir pour m'engloutir à jamais je me présentai de nouveau chez elle le lendemain je me promenais à grands pas dans ma chambre je me promenais dans la ville je me promets de faire plus attention par la suite et de prendre une décision dès le lendemain je me promis de la voir le lendemain de bonne heure je me racle la gorge je me raidissais contre son insistance sachant trop qu'à ma franchise succéderait sa douleur je me ranimai je me rappelais les espérances de ma jeunesse je me rapproche doucement je me rassieds sur le lit je me recouche je me recule je me recule derrière l’angle de la maison pour que le bout incandescent ne me fasse pas remarquer je me redresse je me redresse je me redresse je me redresse je me redresse sur le lit je me réfugiais dans une taciturnité profonde: on prenait cette taciturnité pour du dédain je me réfugie dans la chambre avec un livre je me relève aussitôt je me relève et m’assieds à sa gauche je me remets en mouvement je me rendis je me rendis auprès de Germaine je me rendis chez elle avec la ferme résolution de lui témoigner beaucoup de joie je me rendis chez lui je me rendis dans cette ville je me rends je me rends compte d’un seul coup qu’un bon tiers des informations qui peuplent mon cerveau sont fausses je me rends compte d’une chose je me rends compte que je n’attends plus qu’une chose de la vie je me rends compte que quelque chose ne tourne pas rond je me rends compte très clairement je me renfonce dans l’ombre de l’abri tout en regardant par un trou de la joue en béton je me renfrogne je me répétai que je me répétais les noms de plusieurs de mes compagnons d'étude je me répétais mes paroles avec étonnement je me répondais que je me reposais je me reprends et déloge le portefeuille du père Cottard de derrière la commode je me représentais opposant une conduite austère et irréprochable à tous les jugements qu'une malignité froide et frivole avait prononcés contre moi je me reprochais l'ingratitude que je m'efforçais de lui cacher je me retiens aux arbres je me retiens de ne pas cracher sur l’un des portraits je me retiens pour ne pas empoigner le paquet de feuilles et chercher tout de suite ce qui m’intéresse je me retourne je me retourne tout doucement je me retrouve au lit avec une fille pour qui je n’éprouve encore rien mais le simple fait de la tenir dans mes bras me rappelle la seule femme que j’aie réellement voulue je me retrouve encore une fois seul avec Germaine je me révolte contre la vie je me rhabille tranquillement tandis que Germaine remet sa robe et son tablier je me risque je me roulais par terre en bavant je me sacrifie pour elle sans fruit pour son bonheur je me sens calme je me sens capable de les compter jusqu’à Istanbul je me sens d’humeur beaucoup moins joyeuse je me sens différent je me sens fort je me sens mal je me sens nettement mieux je me sens un peu comme quand on suppose qu’on s’est fait insulter mais qu’on n’en est pas sûr

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