samedi 2 septembre 2023

I – 50 je vous



je titube je tourne dans tous les sens je tourne la tête vers la fenêtre et contemple le ciel pendant que les coups résonnent sur la porte je trahissais une confidence qu'ils m'avaient faite je transpirais sous mon casque je traversai précipitamment la ville je traverse la longue étendue de graviers je traverse le couloir je tremblais je tremblais de l'idée de déranger son existence je tremblais en disant ça je tremblais en voyant se rapprocher l'époque d'exécuter ma promesse je tremblais que le moindre mouvement ne prévint notre rencontre je trompais Germaine je trompais M je trompais plus ou moins tout le monde je trompe mon père je trouvai enfin cette lettre que j'avais promis de brûler je trouvais dans mon père je trouvais pénible de manquer aux miens je trouvais qu'aucun but ne valait la peine d'aucun effort je trouve pas que ça prouve quoi que ce soit je trouve quand même la force de vérifier je vais je vais au guichet je vais bientôt m’arrêter je vais crever je vais dire à Félix que je mange pas avec lui ce soir et c’est fini je vais faire la vaisselle je vais finir je vais finir par y passer toutes mes nuits je vais jouer différemment je vais le tuer je vais lui écrire je vais m’endormir je vais me débrouiller je vais me prendre un petit remontant je vais mettre la table je vais partir parce que tu veux pas que je reste je vais pas chercher la petite bête à chaque fois que tu sors une connerie je vais pas rentrer tôt ce soir je vais pour passer le porche quand la voix du type m’arrête je vais pour repartir avec mon verre à la main lorsque justement une main qui n’est pas la mienne se pose sur mon bras je vais raccrocher je vais rentrer je vais t’attendre au café je vais te ramener je vais tomber je vais vous montrer où on les a trouvées je venais de finir à vingt-deux ans mes études à l'université de Saint-Aignan-le-Jaillard je verrai le moment venu je veux bien des enfants je veux dire   je veux dire je veux dire je veux être aimé je veux simplement dire je vide le reste de la bouteille de rosé dans mon verre et le porte à mes lèvres je viens je viens m’installer à ses côtés je vis je vis au pied de son lit deux lettres je vis dans les yeux de ce dernier une sorte de pitié de ma servitude je vis Germaine agitée et cherchant à me taire une idée qui l'occupait je vis ici sans utilité je vis se graver sur cette figure si noble et si expressive les signes avant-coureurs de la mort je vis son visage couvert tout à coup de pleurs je vois même pas pourquoi je te fais chier avec ça je vois nettement ses yeux je vois pas ce qu’il foutait dans le quartier je vois pas ce que je pourrais faire d’autre je vois pas pourquoi ils nous donneraient une prime aujourd’hui plus qu’un autre jour je volais vers elle je voudrais je voudrais en finir je voudrais être déjà sur mon lit je voudrais les diminuer autant qu'il est en moi je voudrais me promener avec vous je voudrais oublier toute cette merde mais ça me paraît difficile à envisager tant qu’il sera là je voudrais qu’il se taise je voulais je voulais être libre je voulais être plus doux je voulais partir vivre un peu dans la nature je voulus je voulus combattre sa résolution je voulus insister je voulus l'interrompre je voulus parler je voulus pourtant me justifier je voulus ressaisir mes forces je voulus réveiller sa générosité je vous ai toujours laissé une grande liberté je vous aime d'amour je vous avais trompée pour que vous fussiez plus libre dans votre choix je vous coffrais je vous débranche je vous dirai même que je les comprends je vous en conjure je vous en conjure au nom de notre amour je vous l'avoue je vous l'immolerai plus facilement encore je vous le donne pas je vous le donnerai après je vous présente je vous prie je vous quitte je vous quitte plus agité je vous recevrai demain je vous remercie de cette complaisance je vous remercie de vos efforts je vous renvoie je vous vois et je respire

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